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Urgesat ! Science Fiction

 
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Ce blog est consacré aux romans de Science Fiction ayant un rapport avec la Liberté, le libéralisme, le libertarianisme, l'anarchisme et toutes ces sortes de choses.
Sylvain



 
 
 

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23.9.09
 
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A bientôt,

Sylvain

6.9.06
 
Citation :
« Dans l’état socialiste idéal, le pouvoir n’attirera pas les fanatiques du pouvoir. Les gens qui prennent les décisions n’auront pas la moindre tendance à favoriser leurs intérêts personnels. Il n’y aura pas moyen, pour un homme habile, de détourner les institutions pour les mettre au service de ses propres fins. Et on verra les crocodiles voler. »
David Friedman : « Vers une société sans Etat » (éditions Les Belles Lettres, 1992, page 165).

SOMMAIRE :

Actualité : les prix Prometheus 2006.

"Un autre monde est possible !", nouvelle utopique libertarienne de Christian Michel.

"C'est dans la poche ! Mémoires", essai autobiographique de Jacques Sadoul.

Et de 7 pour Robert Heinlein !

5 août 1958 : Maurice Renault passe à la télé !

Eric S. Raymond : un point de vue libertarien sur l'histoire de la Science Fiction américaine.

Actualité : anniversaire.
Les prix Prometheus 2005.

Edition française : le retour de Robert Heinlein.
Actualité presse : "Urgesat ! SF" dans "SVM HS".
Bons mots : Dan Simmons et...

"Forteresse", roman conservateur de Georges Panchard.
"Le monde d'Omale", trois romans de Laurent Genefort, suivi d'une réponse de l'auteur.
"La division Cassini", roman hanté de Ken MacLeod.
Le "cycle de la Forêt" une longue nouvelle et un roman dissidents d'Arkadi et Boris Strougatski.
"Les guerriers du temps" de Jack Williamson, quelques mots sur une édition miraculeuse suivis d'une postface inédite de Patrice Granet.
"Les humanoïdes", roman pessimiste de Jack Williamson, suivi de quelques mots sur "Les bras croisés", nouvelle du même auteur.

Actualité : les prix Prometheus 2004.

"Retour des étoiles", roman ambigu de Stanislas Lem.
"La seconde invasion des Martiens", roman envahi d'Arkadi et Boris Strougatski.
"La nébuleuse d'Andromède", roman communiste d'Ivan Efrémov.
"Un monde d'azur", roman révolté de Jack Vance.

Histoire de la SF en France : Claude Elsen parle de Science Fiction...

"Le samouraï virtuel", roman cyberpunk libertarien de Neal Stephenson, suivi de quelques mots sur "L'âge de diamant" du même auteur.

Quelques mots sur "L'énigme de l'univers" de Greg Egan et sur "Harry Potter et l'Ordre du Phénix" de J. K. Rowling.

Actualité : les prix Prometheus 2003

La trilogie "Illuminatus !", romans libertariens de Robert Shea et Robert Anton Wilson.
"Kampus", roman conservateur de James E. Gunn.
"Le colosse anarchique", roman anarchiste d'Alfred E. Van Vogt.
"Les dépossédés", roman anarchiste d'Ursula K. Le Guin.
"La grande explosion", roman proto-libertarien d'Eric Frank Russell.

Remarque : existe-t-il une Utopie Socialiste ?

"Le Syndic", roman proto-libertarien de Cyril M. Kornbluth.
"La Lune seule le sait", roman marxiste de Johan Heliot (avec une réponse de l'auteur).
"Ce n'est pas pour cette année", roman anti-communiste de Cyril M. Kornbluth.
"La captive du temps perdu", roman libertarien de Vernor Vinge.
"Révolte sur la Lune", roman libertarien de Robert Heinlein.
 
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Actualité : les prix Prometheus 2006.

Les prix Prometheus 2006 ont été proclamés à la Convention mondiale de la Science Fiction le 25 août dernier à Anaheim (Californie) aux États-Unis. Deux catégories principales : meilleur roman de l’année et « Hall of Fame » pour des oeuvres plus anciennes.

Les lauréats sont Ken MacLeod pour son roman « Learning the World » dans la catégorie des meilleurs romans de l’année et Alan Moore et David Lloyd pour leur bande dessinée « V for Vendetta » dans la catégorie « Hall of Fame ».

On connait peu en France les oeuvres du Britannique Ken MacLeod. Un seul de ses romans a été traduit, il s’agit de « La division Cassini » paru chez J’ai lu-Millénaires en 2003. Au fil de ses romans Ken MacLeod explore les relations possibles entre différentes formes d’intelligences (humaines, « post-humaines » ou artificielles) mais aussi les relations possibles entre des sociétés basées sur des principes d’organisation différents et notamment l’opposition entre une société anarchiste collectiviste et une autre anarcho-capitaliste...

On ne présente plus la BD « V for Vendetta » d’Alan Moore (pour le scénario) et de David Lloyd (pour les dessins). Elle a été récemment portée au cinéma sous le même titre par James McTeique.



Un troisième prix dit « Special Award » a également été décerné à Joss Whedon pour son film « Serenity ». Créateur très connu des séries télé « Buffy » et « Angel », Joss Whedon a écrit et réalisé un film mettant en scène la mise au jour d’un complot gouvernemental par un groupe d’aventuriers...

Les prix Prometheus récompensent les meilleures oeuvres de Science Fiction et de Fantasy dont les sujets sont la liberté, la défense des Droits de l’Homme (incluant les libertés individuelles ET économiques), la lutte éternelle des personnes contre la coercition d’origine gouvernementale ou la critique des abus du pouvoir, en particulier du pouvoir étatique.

Sylvain


15.4.06
 
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"Un autre monde est possible", une nouvelle utopique de Christian Michel.

De nos jours, l'utopie a plutôt mauvaise presse. Pour beaucoup, vouloir réaliser une utopie aujourd'hui ou dans un futur proche ne peut qu'aboutir à la catastrophe. L'histoire du 20e siècle ne peut que conforter cette idée. Les projets utopiques socialistes du 19e siècle et leurs idées collectivistes ont provoqués directement des millions de morts quelques décennies plus tard. Ces projets continuent à tuer et à opprimer dans de trop nombreux endroits sur Terre.
Alors qu'une nouvelle utopie totalitaire de réorganisation sociale forcée nous menace de plus en plus - je veux parler du catastrophisme écologiste actuel dont le but est l'édification d'un nouvel ordre socio-économique-, il est bon de savoir que certains hommes, certains écrivains réfléchissent à un projet utopique de liberté. C'est le cas de Christian Michel qui depuis de longues années défend la liberté et l'individualisme. Sa nouvelle "Un autre monde est possible", est un concentré de valeurs libertariennes "en action" mises en scène dans un texte de fiction.

Derrière un titre provocateur (mais après tout, la gauche, c'est nous !), on retrouvera donc dans cette nouvelle des valeurs essentielles comme la propriété privée, la liberté de contracter ou la solidarité volontaire. Des "idées qui fâchent" sont également bien présentes avec la question de l'immigration libre que Christian Michel traite avec beaucoup de cohérence et d'humanisme vrai.

L'utopie libertarienne devient peu à peu un genre littéraire à part entière. Bien que je ne m'interdise pas de parler parfois d'autre chose, ce blog a pour ambition de répertorier progressivement les textes qui en relèvent et qui existent en français.
Bonne lecture.

Sylvain

31.3.06
 
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Jacques Sadoul : « C'est dans la poche ! Mémoires »
Sous-titre : « Confidences d'éditeur ».
Éditions Bragelonne (2006).

Né en 1934 à Agen, Jacques Sadoul « monte à Paris » en 1956 avant de rentrer dans le monde de l’édition en 1964. Il travaille d’abord chez Opta et on lui doit la création du « Club du livre d’anticipation » en 1966 ainsi que celle de la collection « Galaxie-bis » en 1967. En 1970 il crée la célèbre collection « Science Fiction » des éditions J’ai lu et en 1982 il prend en charge l’ensemble de cette maison d’édition. Il en conservera la direction jusqu’à son départ à la retraite en 1999.
Il est également à l’origine du prix « Apollo » qui récompense chaque année le meilleur roman de SF paru en France, prix qui sera décerné de 1972 à 1990. Il s’est intéressé à l’alchimie et à la bande dessinée aussi bien qu’au jazz et à la littérature policière.
Il est l’auteur d’un excellent cycle de Fantasy, le Cycle du domaine de R et d’une série de romans policiers. Il est également historien de la SF et son « Histoire de la science-fiction moderne » est irremplaçable et a connu plusieurs éditions.
Cette liste n’est pas limitative mais elle permet de comprendre pourquoi les mémoires publiées aujourd’hui par Jacques Sadoul sont fort intéressantes pour l’amateur de SF bien sûr mais aussi pour tous les curieux que la vie de l’édition française intéresse.

Jacques Sadoul organise ses mémoires en courts chapitres qui correspondent chacun à une année importante pour lui. Chacun d’entre eux s’ouvre sur quelques évènements marquants qui se sont produits cette année là et le choix de ce que l’auteur raconte ensuite est très large. Beaucoup de rencontres avec des écrivains, notamment de Science Fiction bien sûr mais on lit aussi le récit de la rencontre de Jacques Sadoul avec Barbara Cartland en 1977. Pas mal de récits de péripéties internes aux éditions J’ai lu avec la création régulière de nouvelles sous-collections et la disparition d'autres séries ne trouvant plus les faveurs du public.

Politiquement, Jacques Sadoul est très critique vis à vis du communisme et des régimes qui ont tenté de le réaliser mais il a eu peur quand l'Allemagne s'est réunifiée en 1989 (page 144). Il admire toujours François Mitterrand (page 192) et pense que le film « Le fabuleux destin d'Amélie Poulain » est « profondément de gauche » (sic, page 191). J'avoue ne pas trop bien comprendre en quoi ce film est « profondément de gauche » . Peut-être les belles histoires d'amour avec quelques subtilités scénaristiques sont-elles pour lui forcément de gauche ?
La grande peur de Jacques Sadoul en fait est plutôt liée au prétendu changement climatique qui nous menacerait accompagné de son cortège de pollution et de soi-disant dangers pour l'environnement (voir les pages 32 et 33 par exemple). Dommage que Jacques Sadoul n'ait pas lu « L'écologiste sceptique » de Bjørn Lomborg !

Pour revenir à l'édition, la collection SF des éditions J’ai lu a marqué une génération d’amateurs de SF. Je me souviens qu’après avoir dévoré les livres publiés par le Fleuve Noir Anticipation à partir du début des années 70 - j’avais alors une dizaine d’années - c’est vers J’ai lu que je me suis tourné quelques années plus tard quand j’ai commencé à être plus exigeant dans le choix de mes lectures. Je suivais soigneusement le programme des parutions dans le catalogue que J’ai lu éditait deux fois par an et c’est ainsi que j’ai découvert les premiers volumes de la série d’anthologies réunies par Jacques Sadoul « les meilleurs récits de... » (en 1974), la revue « Univers (en 1975) ou le cycle de Tschaï de Jack Vance (en 1976). Que de souvenirs ! J’ai lu avait l’immense mérite de publier des livres qui ne me décevaient que très rarement et de proposer beaucoup de livres inédits à des prix abordables pour le collégien, et plus tard le lycéen, que j’étais alors. Pour tout cela, merci M. Sadoul !
Je recommande donc la lecture de ces mémoires à tous les curieux que l'édition populaire intéresse et je ne peux que regretter la brièveté de ce livre. J'aurais aimé savoir par exemple ce que pense l'auteur de la loi Lang sur le prix unique du livre ou ce qu'il advient réellement des livres invendus chez J'ai lu...
Jacques Sadoul aurait facilement pu doubler la taille de ce livre, l'intérêt n'en aurait été que plus grand.

Sylvain

P.S. : et puis quelqu’un qui qualifie Jean-Paul Sartre d‘« intellectuel réactionnaire » (page 140) ne peut pas être complètement mauvais !

A lire : une interview de Jacques Sadoul par Bruno Peeters in "Phénix Mag" n°10 (août 2006), fanzine disponible ICI.

La première édition de la célèbre « Histoire de la science-fiction moderne » de Jacques Sadoul parue chez Albin Michel en 1973 :


6.3.06
 
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Et de 7 pour Robert Heinlein !

Les éditions « Terre de brume » viennent de rééditer dans leur collection « Poussière d'étoiles » le premier roman de Robert Heinlein : « Sixième colonne » dont la première parution dans sa langue d'origine remonte à 1941.
Dans ce roman, les États-Unis vaincus sont occupés par une puissance hostile d’origine asiatique dont les caractéristiques rappellent la Chine et le Japon impérial de l’époque. Un petit groupe de résistants va utiliser une découverte extraordinaire que des scientifiques américains viennent de faire et pour préparer la révolte, ces résistants vont fonder un nouveau culte religieux afin d’agir au nez et à la barbe des envahisseurs...
Ecrit en 1940 après la défaite de la France et son occupation par les troupes de l’Allemagne nazie, Robert Heinlein exprime dans ce roman sa conviction que les Américains ne pourront pas éviter la guerre et que le Japon sera un des adversaires des Etats-Unis. Il s’agit donc d’un roman d’avertissement dont certains aspects ont vieillis (la découverte extraordinaire est vraiment un peu trop extraordinaire...) mais dont la lecture reste très agréable. L’intrigue est bien construite et on a du mal à croire que Robert Heinlein n’avait commencé à publier des nouvelles de Science Fiction que deux ans plus tôt. Ce roman est également un document historique puisqu’il s’agit du premier roman de celui qui allait devenir l’écrivain sans doute le plus important de la Science Fiction américaine.

Après les quatre volumes de l’Histoire du futur édités l’année dernière chez Folio SF suivis de la nouvelle édition du roman « Révolte sur la Lune » chez Terre de brume, lui-même suivi par la réédition du roman « Marionnettes humaines » chez Folio SF, « Sixième colonne » est donc le septième volume signé Robert Heinlein paru en France en moins d’un an. Bravo et merci aux éditeurs pour cela.

Sylvain

La première édition française de « Sixième colonne » parue chez Hachette en 1951 :


3.3.06
 
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5 août 1958 : Maurice Renault passe à la télé !

Depuis quelques mois les éditions Atlas éditent sous forme de DVD les meilleurs épisodes de la série télé policière "Les 5 dernières minutes". Cette série a démarré en 1958 et mettait en scène l'inspecteur Bourrel interprété par Raymond Souplex et son adjoint l'inspecteur Dupuy joué par Jean Daurand.
Les vingt premiers épisodes de l'émission faisaient également intervenir à la fin de l'émission deux téléspectateurs qui après avoir suivi l'enquête des inspecteurs devaient essayer de trouver les coupables. Dans "Le théâtre du crime", le sixième épisode diffusé le 5 août 1958, l'un des deux téléspectateurs n'est autre que Maurice Renault, le fondateur des éditions Opta.
C'est en 1948 que Maurice Renault transforma son agence de publicité en maison d'édition et qu'il lança alors la revue "Mystère Magazine". Dans le domaine de la littérature policière, il créa notamment le "Club du livre policier" en 1958 et la revue "Hitchcock Magazine".
Dans le domaine de la Science Fiction et aidé par Jacques Bergier et Igor B. Maslowski, Maurice Renault créa en 1953 la revue "Fiction" qui devait connaître plus de 400 numéros et ne disparaître qu'en 1990. Par la suite et au fil des années, les éditions Opta publièrent de nombreux livres de SF, il suffit de citer la seconde version française de la revue "Galaxie" (lancée en 1964), le "Club du livre d'anticipation" (créé en 1965) ou la collection "Galaxie-bis" (qui démarra également en 1965).

Dans l'émission télé citée plus haut, Maurice Renault ne parle ni de SF ni de romans policiers mais donne seulement son point de vue sur l'enquête policière du jour. Raymond Souplex le présente néanmoins comme un spécialiste de la littérature policière...

Sylvain

Références :
- "Le créateur de Fiction disparaît" par Jacques Sadoul in Univers n°8 (éditions J'ai lu n°732, 1977) ;
- "Les 5 dernières minutes" n°9 "Le théâtre du crime", fascicule + DVD, éditions Atlas (2005) ;
- "Meurtres en séries : les séries policières à la télévision française" par Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret, éditions "Huitième Art" (1990).

26.10.05
 
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Eric S. Raymond : « A Political History Of SF »,
un point de vue libertarien sur l’histoire de la Science Fiction américaine.


Merci à Sekonda de m’avoir fait connaître ce texte.

Eric S. Raymond est un informaticien libertarien connu. Il a notamment publié « The Cathedral And The Bazaar » dans lequel il défend le principe des logiciels « Open Source ».
Il existe peu d'histoires de la Science Fiction disponibles aujourd'hui en français, la meilleure restant l' « Histoire de la science-fiction moderne » de Jacques Sadoul dont la dernière édition date tout de même de 1984. Le texte d'Eric S. Raymond a pour particularité de résumer l'histoire de la Science Fiction américaine d'un point de vue libertarien, ce qui débouche sur une réflexion sur ce qu’est la Science Fiction.
Pour les lecteurs non anglophones, je commence par présenter cet essai.

Résumé :

Pour E. S. Raymond, la Science Fiction américaine moderne a connu une succession de cinq révolutions littéraires, esthétiques mais aussi politiques. Une d’entre elles a réussi, les quatre autres ont échoué.

1 : les « Campbelliens » :

En 1937, John W. Campbell prend la direction du magazine « Astounding Science Fiction ». Jusqu’ici, la Science Fiction américaine s’inspire de Jules Verne et de H.G. Wells et ne craint pas de recourir systématiquement aux stéréotypes tels le savant fou, les mondes perdus, les rayons de la mort et autres blondes en petite tenue menacées par des monstres extraterrestres. Seuls quelques auteurs comme E.E. « Doc » Smith et son roman « La Curée des astres » sont encore lisibles aujourd’hui.
Avec Campbell, les choses vont changer. Les auteurs qu’il va publier devront soigner leur style et la construction dramatique de leurs récits mais par dessus-tout, il devront proposer des textes scientifiquement plausibles. Campbell va créer une école dont feront parti Robert Heinlein, Isaac Asimov, Arthur C. Clarke, Poul Anderson et Hal Clement. Le plus important d’entre eux est Robert Heinlein dont l’influence est déterminante. Publié dès 1939, c’est lui qui va inventer certaines techniques d’écriture comme le fait de présenter l’univers dans lequel évoluent les personnages par petites touches plutôt que par de longs exposés didactiques.
Les autres magazines de l’époque devront suivre le mouvement impulsé par Campbell et Heinlein et la Science Fiction américaine devient un champ littéraire très particulier où les récits des uns et des autres semblent se répondre.
Cette période qui va de la Seconde guerre mondiale jusqu’aux années cinquante est appelée « l’Age d’Or » par les historiens de la Science Fiction.
Si des Space Opera et des récits d‘aventure « à l’ancienne » continuent à être publiés, le cœur de la Science Fiction est désormais la « Hard SF ». La cohérence scientifique devient impérative : les récits doivent se conformer à l’état du savoir scientifique de l’époque et être cohérent en eux-même. Une erreur scientifique est immédiatement remarquée et fait les délices du courrier des lecteurs. Seuls quelques impossibilités scientifiques comme les vaisseaux spatiaux se déplaçant plus vite que la lumière sont tolérés.
Politiquement, la plupart de ces récits défendent l’individu, notamment l’individu capable et compétent tel l’emblématique D.D. Harriman, le héros de « L’homme qui vendit la Lune » de Robert Heinlein. On trouve aussi dans ces récits une méfiance instinctive à l’égard des « solutions » collectives supposées régler les problèmes que les sociétés modernes peuvent rencontrer et une grande suspicion vis-à-vis des hommes politiques qui ne sont jamais présentés sous un jour favorable (« Fondation » d’Isaac Asimov étant une exception).
Cette posture politique originale n’est ni conservatrice ni spécialement « de droite » et encore moins réactionnaire. Comment pourrait-elle l’être quand les écrivains et les lecteurs de Science Fiction passent leur temps à imaginer et à apprécier des expériences mentales mettant en scène des bouleversements radicaux dans la vie des sociétés voire dans la nature humaine elle-même ?

2 : les « Futurians » :

Cependant, pour des raisons tant politiques qu’esthétiques, certains auteurs vont rejeter le modèle campbellien. Ces écrivains emmenés par Frederic Pohl et le club d’amateurs de SF de New York qui s’appelle les « Futurians » vont proposer des récits dans lesquels la science n’occupe plus un rôle central. Le changement servant de prétexte au récit qui prenait sa source dans l’évolution technologique doit désormais résulter de changements politiques ou sociaux. L’archétype de ce type de récit est le roman « Planète à gogos » de Frederic Pohl et Cyril Kornbluth.
Politiquement, il faudra attendre le milieu des années quatre-vingt-dix pour apprendre que beaucoup des « Futurians » étaient membres du Parti communiste américain ou au moins « compagnons de route »... Leur point de vue critique sur la « société de consommation » doit beaucoup à celui développé par les marxistes « critiques » du mouvement appelé « école de Francfort ».
Mais la révolte « futurienne » sera aisément absorbée par le courant dominant de la Science Fiction américaine. Dès le milieu des années soixante, les extrapolations à base sociologique sont utilisées par les auteurs de l’ « Age d’or » et la place centrale de la science n’est plus remise en cause. Robert Heinlein atteint le sommet de sa carrière en 1967 avec son roman « Révolte sur la Lune ».



3 : la « New Wave » :

Les inventeurs de la « New Wave » sont les Britanniques Michael Moorcock, J.G. Ballard et Brian Aldiss. Ils sont marxistes, socialistes et rejettent l’individualisme. Important des techniques d’écriture du champ littéraire dans la Science Fiction, ils rejettent également la linéarité du récit, les « happy end » et la rigueur scientifique. Autre facteur important, ils sont en révolte contre l’hégémonie américaine dans le domaine de la SF. Par la suite, les auteurs américains qui s’inscriront dans ce mouvement seront très liés au mouvement d’opposition à l’intervention américaine au Vietnam.
Au milieu de nombreux textes sans aucun intérêt aujourd’hui, surnagent quelques perles : la nouvelle « Les Cavaliers du fiel ou le Grand Gavage » de Philip José Farmer, « Le Monde vert » de Brian Aldiss, « The Great Clock » de Langdon Jones et quelques textes d’Harlan Ellison. C’est l’époque où les discussions sur ce qu’est et surtout sur ce que doit être la Science Fiction sont nombreuses.
Même si la New Wave ne sera pas assimilée aussi facilement que les Futurians l’avaient été, quelques techniques d’écriture et quelques centres d’intérêt deviendront habituels dans le courant dominant de la SF américaine. Le changement le plus notable est la disparition du tabou concernant la sexualité. Parmi les auteurs de l'Age d'or, seul Robert Heinlein avait osé s’y attaquer en 1961 avec son roman « En terre étrangère », livre qui a aidé à la naissance de ce que l’on a appelé par la suite la « contre-culture ».
Un coup terrible est porté à la New Wave en 1977 avec la sortie du film « La Guerre des étoiles » qui introduit dans le grand public - et avec quel succès ! - une imagerie pré-campbellienne dont on peut faire remonter l’origine au roman « Les Rois des étoiles » d’Edmond Hamilton publié en 1949.

Dans le domaine de la Science Fiction, la guerre du Vietnam n’a pas seulement aidé à l’apparition de la New Wave. Elle a provoqué des dissensions importantes dans la droite américaine. On trouve d’un côté la droite conservatrice parfois religieuse et souvent militariste et de l’autre, des libéraux et des conservateurs partisans d’un État fédéral faible. Ces deux différentes tendances s’étaient alliées par la force des choses après 1910 aux États-Unis et en Grande-Bretagne afin de résister à la montée en puissance de la gauche socialiste. Après l’échec aux élections américaines de Barry Goldwater en 1964, la rupture entre les deux factions va être consommée et des dissidents libéraux et des radicaux opposés à l’intervention américaine au Vietnam vont créer le « Libertarian Party ». Ce nouveau parti politique fondé en 1971 rejette à la fois le conservatisme social de la droite et le redistributionnisme étatiste de la gauche.
Si cet épisode de la vie politique américaine a sa place ici, c’est que le programme du Libertarian Party reprend en les radicalisant et en les mettant en forme les idées politiques plus ou moins implicites de la Hard SF campbellienne. Ce n’est pas une coïncidence car beaucoup des membres fondateurs de ce parti étaient des lecteurs de Science Fiction et ont puisé leur inspiration à la fois dans la Science Fiction polémique d’Ayn Rand, l’auteur des romans « Atlas Shrugged » et « La Source vive », mais aussi dans l’ensemble du genre. Des textes comme « Révolte sur la Lune » de Robert Heinlein, « Lone Star Planet » de H. Beam Piper et « Pas de trêve avec les Rois ! » de Poul Anderson peuvent être vu rétrospectivement comme des textes « proto-libertariens ».

Pour revenir à l’histoire de la Science Fiction, les années qui suivent 1977 sont une période de confusion dans l’édition. Cette période ne prend fin qu’en 1982 avec la publication de « Marée stellaire » de David Brin.
Avec Greg Bear et Gregory Benford, David Brin replace la science et la technologie au cœur de la Science Fiction. Robert Heinlein et Poul Anderson verront en eux leurs héritiers et ces jeunes auteurs deviendront les nouvelles « stars » de la Science Fiction. Cette nouvelle Hard SF reprend les thèmes et les images de la SF campbellienne, elle renoue avec la défense de l’individualisme et se méfie de la politique. Le temps passant, la fracture se creuse entre des auteurs franchement libertariens comme L. Neil Smith (auteur des romans « The Probability Broach » et « Forge Of The Elders ») et d’autres clairement conservateurs et militaristes comme Jerry Pournelle et David Drake. La tension entre les deux groupes apparaît parfois au grand jour car tous se réclament de l’héritage de Robert Heinlein. Celui-ci, toujours très admiré et respecté aux États-Unis, aussi bien par les lecteurs que par les autres auteurs, a toujours gardé de bonnes relations personnelles avec les écrivains conservateurs mais il se proclamera lui-même libertarien à la fin de sa vie (il décède en 1988).
Par ailleurs, les idées politiques libertariennes apparaissent également dans des récits plus consensuels comme le cycle « Across Realtime » de Vernor Vinge ou le roman « Immortalité à vendre » de Joe Haldeman.



4 : les « Cyberpunk » :

Les « Cyberpunk » constituent la troisième tentative avortée de détrôner la Science Fiction campbellienne. On fait en général remonter le mouvement cyberpunk à la publication en 1984 du roman de William Gibson « Neuromancien » et on n‘y voit pas un mouvement politique particulier. Cependant, il faut noter que Bruce Sterling qui devint le chef de file de ce courant de la Science Fiction à la fin des années quatre-vingt l’a baptisé lui-même « The Movement », nom qui fait référence à l’agitation étudiante radicale des années soixante.
D’un point de vue stylistique, les Cyberpunk sont beaucoup moins innovateurs que les auteurs de la New Wave. Les thèmes mis en avant comme la réalité virtuelle, l’omniprésence des ordinateurs, les cyborgs, la modification du corps humain ou les nouvelles féodalités étaient déjà apparus dans le roman de Hard SF classique « True Names » de Vernor Vinge et même dans « Planète à gogos » de Pohl et Kornbluth.
Neal Stephenson signe la fin de l’ère cyberpunk en 1992 avec son roman « Le Samouraï virtuel », l’un des seuls textes avec « La Schismatrice » de Bruce Sterling et « Câblé » de John William à suivre de très près les règles définies par « Neuromancien ». Mais alors que William Gibson décrit un capitalisme futur néo-féodal dans lequel les individus ne sont rien, Neal Stephenson met en scène un capitalisme triomphant franchement libertarien. L’individualisme cher au cœur des auteurs campbellien de l’Age d’Or reparaît et ce, de bien belle façon.
Pendant toutes ces années, les lecteurs votent souvent au prix Hugo pour des auteurs qui s’inscrivent dans la tradition campbellienne comme Lois McMaster Bujold et Greg Egan publie en 1997 ce qui est peut-être le meilleur roman de Hard SF de tous les temps : « Diaspora ».
En 1994, les critiques eux-mêmes se rendront compte que le cœur de la Science Fiction est bien la Hard SF. C’est par rapport à elle que les autres courants se définissent et peuvent être compris et analysés. Le fameux « Sens Of Wonder » qui permet d’apprécier et d’aimer la Science Fiction apparaît quand il est clair que la raison et la science permettent de comprendre et de connaître l’univers qui nous entoure.



Les liens entre la Science Fiction et le libertarianisme sont toujours actifs aujourd’hui. Le seul prix littéraire de Science Fiction reposant sur des idées politiques est le prix « Prometheus » décerné chaque année à la convention mondiale de Science Fiction par la « Libertarian Futurist Society ». Il n’y a l’équivalent pour aucune autre tendance politique. Qu’on les aime ou pas, les écrivains libertariens L. Neil Smith, F. Paul Wilson, Brad Linaweaver ou J. Neil Schulman constituent une famille unique dans la Science Fiction américaine.

5 : la « Radical Hard SF » :

Bien entendu, cette situation ne plaît pas à tout le monde. Maintenant que le rôle central de la Hard SF est reconnu inéluctable, l’opposition va venir de gens qui voudraient séparer libertarianisme et Hard SF. Il s’agit de tenter de séparer la dimension politique libertarienne de la Hard SF tout en conservant l'appareil conceptuel de la Hard SF. C’est ce que tentent de faire les critiques David Hartwell et Kathryn Cramer dans leur recueil publié en 2002 : « The Hard SF Renaissance ». Il s’agit pour eux de promouvoir une Hard SF qui rompe avec les idées supposées être « de droite » qu’elle véhiculait jusqu’ici. La sympathie de Hartwell et Cramer pour les « Radicaux » de gauche est évidente et ils identifient le libertarianisme à la droite conservatrice, ce qui est une erreur courante à gauche où on a du mal à concevoir que des idées qui ne sont pas « de gauche » ne sont pas forcément « de droite » non plus et que la défense de l’économie de marché ne va pas forcément de pair avec des idées sociales conservatrices.
Le programme de la « Radical Hard SF » ou « Hard SF de gauche » est-il possible ? Par définition, la Science Fiction ne favorise pas le conservatisme, au contraire, elle prépare les esprits à des bouleversements radicaux. Dans ce sens, Hartwell et Cramer enfoncent une porte ouverte et le vrai problème pour eux est sans doute plutôt l’existence de liens particuliers entre libertarianisme et Hard SF.
Ces liens sont-ils un accident de l’histoire ou sont-ils quelque chose de beaucoup plus profond ?
Les auteurs de Science Fiction se posent la question des futurs possibles et tentent d’imaginer des transformations radicales dans la vie des hommes. Ces changements s’appuient rationnellement sur la croissance du savoir et de la connaissance. Des idées comme la vie éternelle ou des vaisseaux se déplaçant dans l’espace sont des images fortes qui prennent place dans une conception de l’univers selon laquelle celui-ci est connaissable. Cette connaissance n’est elle-même atteinte que par la méthode scientifique.
La majorité des textes de SF sont optimistes quant au futur qu’ils décrivent, une raison toute bête en est que les livres de Science Fiction sont achetés par de « vrais gens » et qu’en général, les vrais gens préfèrent les histoires qui se terminent bien...
Même les textes pessimistes comme les anti-utopies ou les « romans d’avertissement » mettent en scène un univers connaissable. Ce n’est pas la malchance ou la colère d’un dieu capricieux qui provoquent notre malheur mais notre manque d’intelligence ou notre incapacité à utiliser correctement et efficacement notre raison. Finalement, le message le plus important de la Science Fiction est que le progrès scientifique est notre meilleur espoir pour améliorer l’existence humaine. Même quand les scientifiques et les ingénieurs ne sont pas les héros d’une histoire de Science Fiction, ils en sont néanmoins les héros implicites car ils font que l'avenir sera différent de notre présent, ils créent de nouvelles possibilités, ils libèrent le futur.
Toutes les idées politiques ne sont pas également favorables à ce processus de découverte et de progrès, tout comme elles ne sont pas toutes également favorables à la liberté individuelle.
Les adversaires du progrès de la connaissance sont d'abord les tenants d'un pouvoir politique fort qui auront toujours tendance à utiliser le savoir pour leur propre intérêt au détriment de la population et qui iront jusqu'à museler ou déformer le savoir scientifique. Un exemple célèbre est le lyssenkisme, une biologie pseudo-scientifique protégée par Staline.
Ce n'est pas un hasard si cet hymne à la liberté qu'est la Science Fiction unit d'un même mouvement progrès scientifiques et techniques et libertés économiques : les uns ne vont pas sans les autres.

Les modes idéologiques vont et viennent et les lecteurs comme les auteurs redécouvrent périodiquement que la liberté est une donnée essentielle à la bonne Science Fiction. D'autres révoltes contre le modèle campbellien auront sans doute lieu à l'avenir mais elles suivront plus ou moins toujours le même chemin. Leurs préoccupations proprement littéraires seront assimilées par le courant dominant de la SF tandis que leur programme politique sera mis de côté. La Science Fiction continuera à intriguer les observateurs extérieurs qui ont du mal à comprendre que par définition elle ne peut pas être conservatrice ni réactionnaire et qui ont tendance à oublier son radicalisme sous-jacent en faveur de la liberté.



Quelques commentaires :

Un texte d'Eric S. Raymond bien intéressant donc surtout ici en France où l'individualisme a été érigé en « problème » par les hommes de l'État. Il est vrai que la défense inconditionnelle de la liberté individuelle est le seul moyen connu de résister à la tendance naturel qu'a l'État de croître et d'envahir toujours plus nos vies. L'État et ses serviteurs sont prêts à tout pour nous obliger à vivre et à penser droit.
Je voudrais revenir ici sur quelques aspect de cette analyse et d'abord sur le cas Cyril Kornbluth. Membre éminent du groupe dit des « Futurians » , Kornbluth a publié en 1953 un roman qui rentre tout à fait dans la catégorie des romans proto-libertariens définit par Eric Raymond : « Le Syndic ». Dans cette Amérique future, le gouvernement américain n'a plus aucun pouvoir et n'intéresse pas grand monde (Neal Stephenson se souviendra de cette idée dans « Le Samouraï virtuel »). Le pouvoir ou du moins quelque chose qui y ressemble un peu est exercé par les descendants des gangsters et des mafias d'aujourd'hui. Kornbluth leur attribue dans son roman des qualités morales élevées.
L'autre roman à mentionner est « Ce n'est pas pour cette année » publié en 1955. Cette fois, c'est l'aspect farouchement anti-communiste du texte qui est intéressant. Dans un futur proche, les Russes et les Chinois envahissent les États-Unis et y instaurent une dictature communiste. Kornbluth se montre très informé de ce qui se passait réellement à l'époque dans les pays communistes et son récit est passionnant.
Donc tous les Futurians n'étaient pas communistes mais Kornbluth est cependant une exception. Ces deux romans sont peu connus des amateurs français de Science Fiction, ce qui est dommage car malgré les années, ils se lisent encore avec grand plaisir.
Dans la catégorie des romans proto-libertariens, on peut aussi mentionner le roman du Britannique Eric Frank Russell « La Grande explosion » publié en 1962.

Si de nombreux textes publiés par les Futurians se lisent encore souvent avec plaisir aujourd'hui, ce n'est pas toujours le cas avec les textes expérimentaux de la New Wave pourtant plus récents. Les textes qui se sont voulus être les plus littéraires sont en général illisibles aujourd'hui et on a parfois du mal à comprendre comment de tels textes ont pu être édités. Déjà à l'époque, le succès n'était pas flagrant puisque la revue emblématique du genre, « New Worlds » dirigée par Michael Moorcock a survécu pendant plusieurs années grâce à des subventions publiques obtenues grâce à l'influence de Brian Aldiss. La chose est racontée par Maxim Jakubowski dans sa préface au « Livre d'or » consacré à Brian Aldiss (éd. Presses Pocket n°5150, 1982, page 18). Naturellement, Maxim Jakubowski n'y voit pas malice...

A une époque plus récente, l'apparition d'auteurs dont l’œuvre est une célébration des idées libertariennes est un phénomène qui peut nous sembler à nous Français étrange mais qui est en même temps un signe d'espoir pour l'avenir. Dans son premier roman « The Probability Broach » dont l'édition originale date de 1980, L. Neil Smith démarre son récit par une enquête policière lors de laquelle son personnage découvre que les univers parallèles existent réellement. Dans l'un d'entre eux, l'Amérique du Nord est devenu progressivement libertarienne (Lysander Spooner est élu président en 1860 alors qu'Ayn Rand l'est en 1952 ; Robert Heinlein, lui devient amiral et gagne une bataille décisive contre les Russes en 1957)...
Dans un autre de ses romans, « Forge Of The Elders » publié initialement en 2000, un État mondial est réalisé sur Terre et l'économie s'enfonce dans la dépression. Les humains recherchent des minerais dans l'espace sur les astéroïdes quand ils vont rencontrer les Elders, une race de pieuvres extraterrestres intelligentes dont l'organisation économique est capitaliste...

En France, pareille discussion n’est même pas imaginable. Les idées politiques libérales classiques sont assimilées à la droite et quant aux idées libertariennes, elles commencent tout juste à être connues. Dans le champ de la Science Fiction française, il n’existe malheureusement aucun texte à ma connaissance qui soit l’équivalent de « Révolte sur la Lune » ou de « Forge Of The Elders ».
On continue en France à croire que le bonheur ne peut venir que de l’intervention étatique dans notre vie...

Sylvain



Liens :

- La Home Page d’Eric S. Raymond.

- « A Political History of SF » par Eric S. Raymond.

- Un autre essai d'Eric S. Raymond sur la Science Fiction : « SF Words And Prototype Worlds ».

- « The Cathedral and the Bazaar ».

- Armed and Dangerous, le blog d’E.S. Raymond.

- La page « Libertarian science fiction » de l'encyclopédie en ligne Wikipedia.

Annexe : liste des oeuvres citées :
N.B. : j’ai indiqué d’abord les titres originaux puis les titres français quand la traduction existe. Je n’ai indiqué les références éditoriales complètes que pour les nouvelles traduites en français.

Brian Aldiss : « Hothouse Stories » (« Le Monde vert ») ;
Poul Anderson : « No Truce With Kings » (« Pas de trêve avec les Rois ! » in Fiction n°127, juin 1964) ;
Isaac Asimov : « Foundation » (« Fondation ») ;
David Brin : « Startide Rising » (« Marée stellaire ») ;
Greg Egan : « Diaspora » ;
Philip José Farmer : « Riders of the Purple Wage » (« Les Cavaliers du fiel ou le Grand Gavage » in anthologie « Dangereuses visions » tome 1, éd. J‘ai lu n°627, 1975) ;
William Gibson : « Neuromancer » (« Neuromancien ») ;
Joe Haldeman : « Buying Time » (« Immortalité à vendre ») ;
Edmond Hamilton : « The Star Kings » (« Les Rois des étoiles ») ;
Robert Heinlein : « Stranger In A Strange Land » (« En terre étrangère ») ;
« The Man Who Sold The Moon » (« L‘homme qui vendit la Lune ») ;
« The Moon Is A Harsh Mistress » (« Révolte sur la Lune ») ;
Langdon Jones : « The Great Clock » ;
Cyril Kornbluth : « The Syndic » (« Le Syndic ») ;
« Not This August » (« Ce n’est pas pour cette année ») ;
H. Beam Piper : « Lone Star Planet » ;
Frederic Pohl et Cyril Kornbluth : « The Space Merchants » (« Planète à gogos » ) ;
Ayn Rand : « Atlas Shrugged » ;
« The Fountainhead » (« La Source vive ») ;
Eric Frank Russell : « The Great Explosion » (« La grande explosion ») ;
E.E. « Doc » Smith : « Skylark of Space » (« La Curée des astres ») ;
L. Neil Smith : « Forge Of The Elders » ;
« The Probability Broach » ;
Neal Stephenson : « Snow Crash » (« Le Samouraï virtuel ») ;
Bruce Sterling : « Schismatrix » (« La Schismatrice ») ;
Vernor Vinge : « Realtime » (cycle composé de deux romans : « The Peace War » et « Marooned In Realtime » entre lesquels se situe la nouvelle « The Ungoverned » ; seul le deuxième roman a été traduit en français sous le titre « La Captive du temps perdu ») ;
« True Names » ;
John Williams : « Hardwired » (« Câblé »).


18.9.05
 
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Anniversaire :



Merci à Sekonda pour ce cadeau !

14.8.05
 
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Actualité : les prix Prometheus 2005.

Les prix Prometheus 2005 ont été proclamés à la Convention mondiale de la Science Fiction le 5 août dernier à Glasgow en Écosse. Deux catégories : meilleur roman de l’année et "Hall of Fame" pour les textes plus anciens.

Les lauréats sont Neal Stephenson pour son roman "The System of the World" dans la catégorie "Meilleur roman" et A. E. Van Vogt pour son roman "Les armureries d'Isher" dans la catégorie "Hall of Fame".
Deux prix spéciaux ont été décernés, l'un à "The Probability Broach: The Graphic Novel" écrit par L. Neil Smith et illustré par Scott Bieser, l'autre aux anthologies présentées par Mark Tier et Martin H Greenberg "Give Me Liberty" et "Visions of Liberty".

Bien que plusieurs fois nominé, c'est la première fois que Neal Stephenson obtient le prix Prometheus. "The System of the World" est le dernier volume de la trilogie "Baroque Cycle". L'auteur raconte le triomphe des idées libérales classiques au 18ème siècle, idées qui ont ouvert la voie au libertarianisme moderne. Ceux qui ont lu "Le samouraï virtuel" savent combien Neal Stephenson s'intéresse aux idées libertariennes. L'action du "Baroque Cycle" se situe avant celle d'un autre chef d'œuvre du même auteur : "Cryptonomicon".

C'est également la première fois que A. E. Van Vogt (1912-2000) obtient le prix Prometheus. Son roman "Les armureries d'Isher" a été initialement publié en 1951. Il est devenu depuis un classique de la Science Fiction. Le récit montre comment l'usage de la légitime défense peut permettre de résister à un pouvoir tyrannique. "Être armé, c'est être libre" proclament les marchands d'armes... Les éditions J'ai lu ont eût l'excellente idée de rééditer ce roman en un seul volume avec sa suite "Les fabricants d'armes" sous le titre "Les marchands d'armes".

Décerné depuis 1979, le prix Prometheus récompense les meilleurs textes de Science Fiction et de Fantasy dont les sujets sont la liberté, la défense des Droits de l’Homme (incluant les libertés individuelles ET économiques), la lutte éternelle des individus contre la coercition d’origine gouvernementale ou la critique des abus du pouvoir, en particulier du pouvoir étatique.

Sylvain

P.S. : NOUVEAU : l'encyclopédie en ligne Wikiberal a désormais sa page consacrée aux prix Prometheus. Cela se passe ICI.




25.6.05
 
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Edition française : le retour de Robert Heinlein.

S'il n'a jamais complètement disparu du paysage éditorial français, il faut bien reconnaître que les oeuvres de Robert Heinlein en français commençaient à se raréfier. C'est donc avec beaucoup de plaisir que j'ai découvert les rééditions récentes de certains des textes les plus intéressants de cet auteur.
Les éditions Folio SF ont ainsi proposé au mois d'avril dernier une nouvelle édition de la monumentale "Histoire du futur" de Robert Heinlein en quatre volumes, et annoncent pour bientôt une nouvelle édition de "Marionnettes humaines".
Voici le sommaire des quatre volumes de l'"Histoire du futur" publiée sous la direction éclairée de Pierre-Paul Durastanti :

1. L'HOMME QUI VENDIT LA LUNE
- Préface, de Damon Knight [1967, première parution française]
- Ligne de vie
- Les routes doivent rouler
- Il arrive que ça saute
- L'homme qui vendit la Lune
- Dalila et l'homme de l'espace

2. LES VERTES COLLINES DE LA TERRE
- Jockey de l'espace
- Requiem
- La longue veille
- Asseyez-vous, messieurs!
- Les puits noirs de la Lune
- C'est bon d'être de retour
- Nous promenons aussi les chiens
- Coup de projecteur [première parution française]
- Vertige spatial
- Les vertes collines de la Terre
- La logique de l'empire

3. REVOLTE EN 2100
- Oiseau de passage [première parution dans le cycle]
- "Si ça continue..." [ex-"Si ça arrivait"]
- La Réserve
- L'inadapté

4. LES ENFANTS DE MATHUSALEM, suivi de LES ORPHELINS DU CIEL




De leur côté, les éditions "Terre de brume" proposent depuis le mois de mai une traduction revue et corrigée du meilleur roman d'Heinlein : "Révolte sur la Lune". Je compte profiter des vacances d'été pour lire cette nouvelle version...
Après la réédition du cycle des "Seigneurs de l'Instrumentalité" de Cordwainer Smith l'année dernière déjà chez Folio SF et la réédition récente de la "Patrouille du temps" de Poul Anderson aux éditions du Bélial, l'édition française (re-)propose des textes fondateurs de ce qui est pour moi la "vraie" Science Fiction : une SF imaginative, aventureuse et optimiste qui ne craint pas de défendre l'individu face à tous les totalitarismes qui le menacent.

Sylvain

P.S. : les amateurs ne doivent pas rater non plus la nouvelle édition de "L'anneau-monde", le roman le plus célèbre du "fils spirituel" de Robert Heinlein, j'ai nommé Larry Niven. Cette nouvelle édition est proposée par les éditions Mnémos et j'espère que cette parution sera suivi par les trois suites de "L'anneau-monde" dont deux sont toujours inédites en français.



P.P.S. : en ce mois de septembre 2005, le roman "Marionnettes humaines" de Robert Heinlein a donc bien été réédité chez "Folio SF" sous le numéro 223. Malheureusement, il ne sagit pas d'une édition revue et augmentée comme cela avait été annoncé mais d'une simple reprise de la version "Présence du Futur" éditée depuis 1972. Dommage !


1.5.05
 
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Actualité presse :

J'avoue que je suis assez fier que ce blog (oui oui, celui que vous êtes en train de lire !) soit mentionné dans le HS qui vient de sortir du magazine SVM consacré aux blogs. C'est à la rubrique "Sélection Fanzines" et ça se passe page 77. Ce magazine donne les références de deux cents blogs jugés intéressants par la rédaction et j'ai l'impression qu'"Urgesat ! SF" est malheureusement le seul blog libertarien qui ait été retenu...
RECTIFICATIF : j'ai fini ma lecture de ce SVM et il faut noter que l'excellent blog libéral "Objectif Liberté" est présenté page 95 du même magazine. Bravo Vincent !

Sylvain

24.4.05
 
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Bons mots : Dan Simmons et...

On ne présente pas l'écrivain américain Dan Simmons, l'auteur entre autre du monumental cycle d'"Hypérion". Comme je n'aime ni le nationalisme, ni le patriotisme, il ne me gêne pas de vous faire partager la citation suivante :

«Alors que j’écris ces lignes, en ces premiers mois, ces premières heures du XXIe siècle, la vaste et rancunière machine de la critique universitaire est pilotée par les mains mortes de quelques nabots français tels que Michel Foucault et Jacques Derrida. La France, une nation qui, selon toute probabilité, n’a produit ni grand écrivain ni grande littérature durant la totalité du XXe siècle contrôle néanmoins la totalité du discours sur la littérature du XXIe siècle, et ce grâce au sophisme tout simple qui consiste à nier le caractère central de l’auteur, la réalité des personnages et la puissance transcendante du langage et de la littérature elle-même. Comme l’écrit Tom Wolfe dans un récent essai : «Ils (Foucault, Derrida et leur légion lycanthropique de suiveurs) ont commencé par gonfler hors de toute proportion une déclaration de Nietzsche selon laquelle il n’est pas de vérité absolue, mais seulement plusieurs «vérités», qui sont autant d’outils de divers groupes, classes ou forces. À partir de là, les déconstructionnistes ont abouti à la doctrine selon laquelle le langage est le plus insidieux des outils. Le devoir du philosophe est de déconstruire le langage, d'exposer ses arrière-pensées et de contribuer à sauver les victimes de l’«establishment» américain : les femmes, les pauvres, les non-Blancs, les homosexuels et les arbres.»
"Worlds Enough & Time" (Subterranean Press, 2002).

Si l'on met de côté l'aspect provocateur du texte (il y a peut-être eu quand même un ou deux grands écrivains en France au XXe siècle... non ?), il faut bien reconnaître que Dan Simmons tape juste et que sa dénonciation du "déconstructionnisme" rejoint tout le mal qu'on peut dire du "politiquement correct".

Sur des sujets proches, on lira avec profit "Impostures intellectuelles" d'Alan Sokal et Jean Bricmont (éditions Odile Jacob, 1997) ainsi que son apostille "Prodiges et vertiges de l'analogie" de Jacques Bouveresse (éditions "Raisons d'agir", 1999).

Sylvain

15.4.05
 
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Georges Panchard : « Forteresse ».
Editions Robert Laffont, collection « Ailleurs et Demain » (2005).

Ce livre est un événement. Il y avait tout juste vingt ans que la collection « Ailleurs et Demain » n’avait pas édité d’oeuvre d’un auteur français ou francophone. Le manuscrit de « Forteresse » a d’abord été retenu par la maison d’édition « Imaginaire sans frontière » qui a fait faillite entre temps. Ce n’est qu’ensuite que les éditions Laffont ont décidé de l’éditer.
Georges Panchard est suisse. Dans la vraie vie, il est juriste à l’Office fédéral de l’aviation civile à Fribourg en Suisse. Peu connu comme auteur de Science Fiction il n’a publié que quelques nouvelles avant « Forteresse », son premier roman.

L’histoire se passe en 2039. Adrian Clayborne dirige le service de sécurité de la « Haviland Corporation », une multinationale « high tech ». Un jour, il apprend que Brian Mannering, son président, est sous la menace d’un attentat, opération dont les commanditaires lui sont inconnus mais dont le nom de code est « Ghost », « Fantôme ».
Clayborne apprend bientôt qu’un système électronique rendant indétectable celui qui le porte a été volé dans un laboratoire de recherche suédois et en même temps, le président Mannering se trouve une nouvelle maîtresse...
La trame de l’histoire est donc l’enquête que mènent Clayborne et ses employés pour empêcher l’attentat d’avoir lieu et de réussir. Parallèlement, une série de flash-back nous raconte les derniers mois de la vie de Lyndon Mitchell, un peintre spécialisé dans les sujets religieux vivant à Oklahoma City. Ce n’est qu’à la fin du livre que le rapport avec la Haviland Corp apparaîtra.

La forme du récit est « éclatée ». Les différentes « lignes narratives » s’entremêlent sous forme de chapitres de moins de dix pages datés et numérotés. Cela est très bien pensé et réalisé par l’auteur et la lecture se fait aisément dans une ambiance plus « thriller » que Science Fiction « classique ».
Le monde du futur proche décrit par l’auteur et dont les détails apparaissent peu à peu à la lecture est également très intéressant. Dans une des périodes précédant le récit, l’Europe a été victime de la « Correction politique » (page 28). Il s’est agit d’une idéologie prônant l’ouverture des frontières à tout va, le relativisme culturel, l’abaissement des valeurs « occidentales ». Impossible de ne pas reconnaître dans cette « Correction culturelle » le « politiquement correct », au sens propre, de gauche qui domine aujourd’hui les médias et des secteurs importants des sociétés européennes comme le monde de l’enseignement. Cette période a débouché en Europe sur une guerre civile contre les populations musulmanes d’origine immigrée. Cette guerre civile a été gagnée par les « Occidentaux chrétiens » et les musulmans d’Europe ont été exterminés ou chassés, on ne sait pas trop. Georges Panchard va très loin dans cette direction puisque une place milanaise porte le nom d’Oriana Fallaci (page 230), femme écrivain italienne venue de la gauche et dont des pamphlets racistes ont été récemment publiés (« La rage et l’orgueil » par exemple chez Plon en 2002). Depuis la fin de la guerre civile, l’Europe s’est dotée d’une barrière infranchissable qui empêche les habitants des pays musulmans de passer, le système Durandal (page 120, "Durandal" du nom de l'épée du héros dans la "Chanson de Roland"). L'auteur se moque au passage d'une communauté social-démocrate établie en Suède qui tente de faire vivre l'héritage d'Olaf Palme : par exemple, les jouets sont contrôlés et si des enfants sont en contact avec des petits soldats, on les envoie immédiatement faire une psychothérapie...
Pendant les périodes de troubles de la Correction et de la guerre civile, les Etats européens se sont affaiblis et les entreprises privées sont devenues quasiment autonomes. A l’époque où le roman se passe, la stabilisation politique permet un réveil étatique que l’auteur semble approuver (page 84).

De l’autre côté de l’Atlantique, les Etats-Unis ont connus une révolution religieuse qui a provoqué l’éclatement du pays. D’un côté une théocratie, l’Union des Etats bibliques américains ; de l’autre la Californie et l’Etat de New-York qui ont refusé le nouveau régime et sont devenus indépendants. Une particularité des Etats bibliques est que les neuf dixièmes des habitants sont obèses et utilisent des youpalas pour se déplacer. La population semble cependant commencer à se lasser de cette dictature religieuse (sur le même thème, on pourra lire avec profit « Révolte en 2100 » de Robert Heinlein)...
Lorsque les religieux ont pris le pouvoir aux Etats-Unis, les dirigeants de la Haviland Corporation ont décidé de refuser de collaborer et l’ensemble de l’entreprise a quitté le territoire américain et son siège a été fixé en Andalousie. C’est ainsi que les dirigeants des Etats bibliques sont devenus des ennemis acharnés de la Haviland Corp dont deux des présidents ont déjà été assassinés.

En matière de religions, Georges Panchard n’oublie personne puisque les Juifs eux-mêmes sont divisés en deux fractions qui se combattent (sauf sur le territoire israélien !) par attentats interposés (page 43 par exemple).
Tout cela est très bien fait et la lecture de ce roman est très prenante. Georges Panchard sait ajouter les petits détails qui font vrais et ce qu’il faut de réalité virtuelle et de manipulations génétiques pour rendre crédible un récit du futur proche. Même si l’explication finale est en fait invraisemblable, on marche et j’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman.

D’un point de vue idéologique, « Forteresse » a fait grincer quelques dents et certains commentateurs ont été « un peu » gênés par ce qu’ils ont lu dans ce roman (voir plus bas, les « liens »). En fait, Georges Panchard exprime une vision conservatrice du monde. En utilisant les conceptions exprimées par Friedrich Hayek dans son célèbre texte « Pourquoi je ne suis pas un conservateur », on peut le démontrer. Reprenons quelques élément de l’arrière-plan social et politique de « Forteresse ».
Tout d’abord, l’immigration musulmane est décrite dans ce roman comme une invasion qui menace l’Occident et le christianisme et seule la violence apparemment permettra de résoudre ce problème. Pour un libéral, à la limite l’Islam n’existe pas. Seuls existent des millions de personnes dont certaines se disent musulmanes et ce que l’une de ces personnes fait (ou ne fait pas) ne peut servir à condamner ou à opprimer d’autres personnes qui partageraient certaines croyances religieuses avec elle. On ne peut concilier responsabilité individuelle et responsabilité collective, liberté de conscience et stigmatisation de certaines personnes en raison de leur origine ou de leurs croyances religieuses, il faut choisir.

Par ailleurs, Georges Panchard aime l’Etat. Il croit que son affaiblissement conduit au chaos et que les entreprises privées ont besoin d’être encadrées et surveillées sinon, elles se font la guerre et oppriment la population. Il imagine qu’après la guerre civile, les politiciens seront différents de ceux l’ayant précédée mais il se garde bien de nous les montrer en action dans son roman... Je vois dans cette méfiance à l’égard des entreprises privées (donc en fait à l’égard de la liberté économique) et dans ce culte de l’Etat la contamination inéluctable d’une pensée conservatrice par des idées socialistes : l’individu doit s’effacer derrière le groupe et peut lui être sacrifié si les dirigeants éclairés (sic !) le commandent. Alors que le problème pour les libéraux est l’organisation de la limitation du pouvoir qui par définition est oppresseur, les conservateurs comme les socialistes se préoccupent surtout du contrôle de ce pouvoir pour leur propre compte, pouvoir qu’ils utilisent pour imposer par la force leurs idées. Comme la pensée conservatrice est forcément sans principes fermes et finalement sans morale, elle ne sait pas où elle va au contraire de la pensée libérale qui s’appuie sur des valeurs et des principes solides.
Un détail intéressant : les armes sont en vente libre dans l’Europe future de « Forteresse ». Faut-il y voir un reflet du fait que l’auteur est suisse et donc moins méfiant à l’idée d’une défense personnelle que les Français (comme disait A.E. Van Vogt dans « Les armureries d’Isher » : « Etre armé, c’est être libre »...) ?

Quoi qu’il en soit, ne boudons pas notre plaisir. « Forteresse » est très bien construit et écrit, il se lit sur le moment avec beaucoup de plaisir. Et puis les romans de Science Fiction conservateurs ne sont pas si nombreux...

Sylvain

Liens :

- Une présentation de ce roman par Gilles Ferragu ICI.

- Une autre critique parue dans le quotidien suisse « Le Temps » par Nicolas Dufour ICI.

- Enfin, une critique signée K2R2 mise en ligne sur le site du « Cafard
cosmique » ICI. L’auteur réussit l’exploit de reconnaître les qualités de « Forteresse » et de dire son malaise devant l’idéologie qui transparaît dans ce roman (même si cela finalement « n’a que peu d ’importance » dit-il) sans mentionner justement les détails qui fâchent et sans dire un mot de la guerre civile entre « chrétiens » et musulmans sur laquelle Georges Panchard revient quand même plusieurs fois. La critique du quotidien Libération réussissait le même exploit de passer sous silence ce « détail » important du livre.

Extrait :

"Comme ce parlementaire de Crémone, Italien pur sucre et chrétien pratiquant, auteur d'un projet de loi selon lequel tout immigré commettant un crime sur le territoire national devait bénéficier d'une peine réduite du seul fait de son déracinement culturel. Vachement humaniste. Six semaines après la fin du conflit, des combattants occidentaux l'avaient égorgé près de chez lui. Gianna, comme à peu près tous les flics de la péninsule, savait que ses collègues chargés de l'enquête avaient trouvé assez de preuves pour identifier les coupables et les avaient consciencieusement détruites."
"Forteresse", page 83.

Citation :

"Le conservatisme peut, par sa résistance aux tendances prédominantes, ralentir une dérive indésirable, mais il ne peut empêcher que la dérive persiste, puisqu'il n'indique aucun autre chemin. C'est pour cela que son destin a été d'être entraîné invariablement sur une route qu'il n'avait pas choisie. La lutte entre conservateurs et progressistes peut affecter la vitesse, mais non la direction des évolutions contemporaines. Et même s'il faut bien un « frein sur le véhicule du progrès », je ne puis pour ce qui me concerne me contenter d'actionner le frein. Ce que le libéral doit se demander essentiellement, ce n'est pas à quelle vitesse et jusqu'où nous devons aller, mais où nous voulons aller. Il diffère en fait du « radical » collectivisant d'aujourd'hui bien davantage que le conservateur. Alors que ce dernier adhère généralement à une version adoucie et modérée des idées à la mode de son temps, le libéral doit lutter contre certaines des conceptions fondamentales que la plupart des conservateurs partagent avec les socialistes."
Friedrich Hayek, « Pourquoi je ne suis pas un conservateur ».

15.2.05
 
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Laurent Genefort : « Le monde d’Omale »
1 : « Omale », J’ai lu « Millénaires » (2001), réédité chez J’ai lu Science Fiction n°6858 (2004) ;
2 : « Les conquérants d’Omale », J’ai lu « Millénaires » (2002), réédité chez J’ai lu Science Fiction n°7515 (2005) ;
3 : « La muraille sainte d’Omale », J’ai lu « Millénaires » (2004), réédité chez J'ai lu Science Fiction (2006).

Il est rarissime que je présente sur ce blog des romans écrits par des auteurs français. Je le déplore mais il semble bien que les écrivains de notre pays ne s’intéressent pas à la question de la liberté et qu’imaginer une véritable société d’hommes libres ne les intéresse pas. Dire que la liberté, c’est d’abord le respect de la propriété privée paraît pour le moins bizarre en France où il est difficile d’échapper au collectivisme ambiant. Les seuls écrits politiques que l’on trouve sous la plume d’écrivains français révèlent trop souvent un point-de-vue plus ou moins gauchiste et donc liberticide.
Les romans du « monde d’Omale » de Laurent Genefort ne posent pas spécialement le problème de la liberté mais j’avais quand même envie d’en parler ici...

Bien que né en 1968, Laurent Genefort a déjà publié une quarantaine de romans qu’on peut en gros classer en trois groupes : les premiers romans publiés aux éditions du Fleuve Noir en format poche et plutôt courts (« Arago » ou « La compagnie des fous » par exemples) ; des romans pour jeunes lecteurs publiés depuis quelques années aux éditions Degliame et qui relèvent plutôt de l’heroic-fantasy (« Le démon miroir » ou « L’odyssée des sirènes ») et les romans de Science Fiction publiés chez J’ai lu ou chez l’Atalante (« La mécanique du talion ») qui sont de véritables réussites « sciencefictives ».

Les trois romans du cycle d’Omale se situent dans le même univers mais ne se suivent pas. Ils peuvent tout à fait être lus indépendamment les uns des autres même si certains éléments se répondent d’un titre à l’autre.
Omale est une sphère en rotation construite autour de l’étoile Héliale. Ce mouvement de rotation crée une gravité artificielle sur la surface interne de la sphère. Deux planètes tournent également autour d’Héliale à une distance plus proche qu’Omale. Cette dernière est constituée d’un matériau ultra-lourd, le carb. Omale entoure l’étoile comme la coquille d’un oeuf et forme ce qu’on appelle une « sphère de Dyson » du nom du physicien Freeman Dyson qui dans les années soixante a le premier imaginé une telle réalisation. Un objet de ce type a déjà été brillamment utilisé par Larry Niven dans le cycle de « l’Anneau-Monde » où la sphère est remplacée par une sorte de gigantesque ruban en rotation autour de son étoile...
Dans l’oeuvre de Laurent Genefort, les constructeurs d'Omale sont sans doute les Vangks, un peuple extraterrestre mythique à qui l’humanité doit l’existence des « Portes » qui permettent de passer instantanément d’une étoile à l’autre. Au cours des siècles, les hommes ont découvert et utilisé vingt mille de ces Portes.
Il y a mille cinq cents ans, des vaisseaux qui utilisaient ces Portes spatiales ont été mystérieusement détournés et se sont retrouvés à l’intérieur d’Omale. Ils se sont posés dans une zone rendue habitable pour les humains et par la suite leurs passagers ont fait souche. Deux peuples extraterrestres sont arrivés en même temps que les humains : les Chiles et les Hodgqins.
La surface habitable où se trouvent ces trois espèces (sur Omale, on dit ces trois rehs...) s’appelle une « Grand’Aire » et couvre une surface d’environ dix mille « gaias », soit dix mille fois la surface totale de la Terre. La surface totale d’Omale étant d’environ dix millions de gaias, la zone connue et habitée par les trois rehs malgré son immensité n’en représente qu’une toute petite partie.
Après plus de mille ans d’expansion et de guerres entre les rehs, les humains occupent une surface de 200 gaias, les Chiles occupent 250 gaias et les Hodgqins se contentent de 50.
Une fois arrivés sur Omale, les hommes ont dû s’adapter à leur nouvelle situation. Les vaisseaux spatiaux ont été bientôt démantelés car la surface d’Omale contient peu de métal. Dans les décennies qui ont suivi, les religions ont connu une grande expansion qui a plongé pendant plusieurs siècles l’humanité dans une sorte de Moyen Age. Beaucoup de connaissances ont été oubliées pendant cette période en particulier l’existence d’un univers extérieur à Omale. Les religions ont adapté leur message et les Chiles et les Hodgqins sont souvent assimilés à des créatures démoniaques.

1 : « Omale ».
Il s'agit du premier roman publié de la série. L’action se passe plus de mille cinq cents ans après l’arrivée des humains sur Omale. C’est une époque où les trois rehs vivent à peu près en paix et l’histoire est basée sur la rencontre entre six personnes, trois humains, deux Chiles et un Hodgqin qui ont tous mystérieusement reçu un fragment de la coquille d’un oeuf. Une fois la coquille reconstituée, une sorte de message apparaît qui doit guider les personnages... De nombreuses péripéties dont une attaque par des pirates de l’air compliquent cette rencontre qui a lieu à bord du « Yyalter », une nef aérienne chile.
Roman intéressant même si ce n’est pas le meilleur de la série, « Omale » pose les bases d’un univers gigantesque. Les personnages sont bien construits, les informations nombreuses et l’action prenante. Laurent Genefort rend un hommage discret à Jack Vance avec la présence d’un homme-Chile, un elerak (on pense irrésistiblement au cycle de Tschaï et à ses hommes-Wankhs et à ses hommes-Dirdirs). Moteur de l’intrigue, les personnages jouent au fejij, une sorte de super jeu de rôle qui est à la fois la religion et la philosophie des Chiles. Les perdants doivent raconter d’où ils viennent et comment ils sont arrivés sur le Yyalter.
Il est dommage que la crédibilité du récit soit un peu mise à mal par l’usage de coïncidences « trop belles pour être vraies » et par des accès de politiquement correct comme pages 44 et 45 (version « Millénaires ») où un éducateur nous explique que le racisme n’est que culturel et surtout pas inné. Il faudrait quand même prendre conscience que par définition, le culturel chez l’être humain est également naturel ou inné et que la question de l’origine du racisme est sans doute plus complexe que ce qui est dit dans ce roman.
Mais ce sont des points relativement mineurs qui n’enlèvent rien à la force d’évocation d’« Omale ».



2 : « Les conquérants d’Omale ».
L’histoire se passe cinq cents ans avant « Omale ». Des guerres incessantes opposent les trois rehs et après avoir beaucoup perdu de terrain face aux Chiles, les humains ont réussi à les arrêter. La trame principale de ce roman est un épisode clef de la guerre opposant Chiles et humains, épisode qui sauve probablement l’humanité de l’éradication. Si les Chiles dominent les airs grâce à leurs immenses nefs, les humains utilisent un réseau très développé de chemins de fer qui joue un rôle crucial dans cette aventure. Parallèlement, une mystérieuse glaciation frappe une partie des territoires humains et nous suivons aussi le destin d’une expédition humaine chargée de cartographier un immense territoire et qui va devoir trouver la cause de cette glaciation...
Laurent Genefort rend de nouveau hommage à d’autres écrivains de Science Fiction comme page 70 de la version « Millénaires » où un des personnages demande à un autre s’il croit qu’il a été choisi par le Haut Commandement humain pour sa chance supposée, ce qui est encore une référence directe à l’un des personnages de « L’Anneau-Monde » de Larry Niven. Mais le plus important est la référence à G.-J. Arnaud et à son cycle monumental de la « Compagnie des glaces » qui concilie glaciation et compagnies de chemin de fer. Excellent roman, « Les conquérants... » permet de mieux connaître une quatrième rehs, les AEzirs qui vivent dans l’espace entre Omale et Héliale. Ces êtres font du commerce avec les rehs d’Omale en leur fournissant des minéraux extraits des planètes intérieures. La guerre décrite dans ce roman fait penser à ce que nous savons de la Première guerre mondiale, avec ses tranchées, ses gaz de combat et son nombre énorme de combattants. Les différentes lignes du récit finissent par s’emboîter sans heurt à la fin du roman.

3 : « La muraille sainte d’Omale ».
Cinquante ans après « Omale », une expédition scientifique regroupant des savants des trois rehs part pour explorer le Landor, ce territoire humain qui se trouve à l’intérieur de la muraille sainte d’Omale. Cette muraille mesure plus de 70 000 kilomètres de long et a été bâtie dans les premiers siècles de l’occupation humaine par des peuples qui refusaient tout contact avec les Chiles et les Hodgqins. Il s’est passé quelque chose à l’intérieur du Landor car ses habitants, persuadés que la fin du monde était proche ont soudainement quitté cette zone et ont envahi les territoires humains jusqu’aux zones de contact avec les autres rehs, mettant en péril la fragile paix régnant avec eux. Les scientifiques dirigés par un physicien chile sont victimes de la destruction accidentelle de la nef qui devait les emporter jusqu’au coeur du Landor et c’est à pied et avec des chariots qu’une expédition réduite découvrira ce qui s’est réellement passé...
Très bon roman, ce récit arrive à concilier aventure, exotisme et hard science. La description du Landor est remarquable et les éléments d’explication scientifique excellemment intégrés à la trame du récit. C’est peut-être aussi le roman qui fait le mieux sentir au lecteur l’immensité d’Omale, immensité géographique comme immenses espaces de temps qui se sont écoulés depuis l’arrivée des humains sur Omale.

Pour conclure sur ce cycle d’Omale qui est sans doute loin d’être terminé, je voudrais dire que Laurent Genefort est un grand auteur français de Science Fiction. Il connaît bien cette littérature, il a beaucoup lu et a su mettre en place un univers très personnel et passionnant. Il excelle aussi à intégrer dans son récit des éléments ou des détails qui font vrais et qui rendent crédible l’histoire. Il intègre aussi des éléments presque fantastiques, je pense par exemple aux Vestiges ou aux Merveilles d’Omale qui donnent une ampleur exceptionnelle à cet univers. Après trois romans et donc près de 1400 pages, on a envie d’en savoir encore plus sur ce monde unique. Le potentiel romanesque de cet univers est considérable, en particulier par la mise en présence de trois espèces pensantes bien différentes les unes des autres. Personnellement, j’aimerais que Laurent Genefort nous fasse découvrir dans un de ses prochains textes la civilisation hodgqine, tellement autre et qui n’a tenu jusqu’à présent qu’une place relativement réduite dans le cycle...

Sylvain

P.S. : Laurent Genefort a également publié deux nouvelles relevant du monde d’Omale. Il s’agit de « Un roseau contre le vent » (in Galaxies n°19, décembre 2000) et de « Arbitrage » (in Galaxies n°26, septembre 2002).

Liens :

- Omale, le site ;

- Une interview de Laurent Genefort ;

- Pour en savoir plus sur Freeman Dyson ;

- La thèse de Laurent Genefort consacrée à cinq "livres-univers" de Science Fiction.



Une réponse de Laurent Genefort :
(merci à lui !)

« Je suis ravi que le cycle vous ait plu.
Concernant le passage sur le racisme dans le 1er volume, vous avez sans doute remarqué qu'il s'agit tout d'abord d'un clin d'oeil à l'un de mes auteurs favoris, P.J. Farmer, incarné dans le personnage du prêtre Farmier, qui a traité de ce thème dans certaines de ses nouvelles ; et une référence à des expériences d'observation du comportement enfantin, menées simultanément dans des crèches aux Pays-Bas et aux Etats-Unis dans les années 1970-80 (...ainsi qu'une discussion avec une puéricultrice il y a quelques années, qui m'a conforté dans les conclusions de l'expérience). Mais je suis tout à fait d'accord avec vous que les mécanismes du racisme sont plus complexes. A relire ce passage d'Omale, je le trouve d'une lourdeur démonstrative ; je le réécrirais sans doute différemment aujourd'hui, plus légèrement, mais je n'en changerais pas le sens.

(...)
(à propos d’un recueil de nouvelles consacrées à Omale qui ne paraîtra pas :)
L'éditeur, ISF, a fermé boutique entre-temps. Mais une nouvelle d'Omale paraîtra courant 2005 dans la revue Galaxies. En revanche, le sort des romans est compromis: la disparition de la collection Millénaires le mois dernier et les faibles ventes des deux premiers volumes d'Omale risquent de sonner le glas de la série - au moins pour les années à venir. La série renaîtra peut-être ailleurs... Bref, wait and see!
(...)
Cordialement,
Laurent »


Eh non ! je n’avais pas noté la référence à Philip José Farmer. Dans l’immensité d’Omale, il doit bien y avoir d’autres clins d’oeil qui m’ont échappé...
Je suis d’accord avec Laurent Genefort pour dire que les enfants, lorsqu’ils sont très jeunes, ne sont pas spontanément racistes. Mais je pense aussi que les comportements de préférence pour les proches sont naturels chez l’être humain (1). Après tout l’homme a vécu pendant des centaines de milliers d’années dans des communautés de taille réduite dont les membres étaient certainement tous plus ou moins apparentés. Nous ne sommes pas différents de nos ancêtres de l’Age de pierre. Ce sentiment naturel peut très bien déboucher sur une idéologie proprement raciste si l’Etat et ses serviteurs y trouvent leur intérêt.
Pour revenir à la Science Fiction, il n’ira sans doute pas de soi pour tout le monde de considérer comme étant nos égaux des extraterrestres intelligents - si nous en rencontrons un jour - ou des machines intelligentes.
Sinon, il est clair que l’édition française de Science Fiction ne se porte pas très bien. Cela dure depuis vingt ans et il n’y a pas de signe de changement à court terme. La Science Fiction littéraire reste essentiellement une petite niche s’adressant à des passionnés. Je regretterai la disparition de la collection « Millénaires » de chez J’ai lu. La maquette était très réussie, les livres agréables à manipuler, les textes proposés souvent très intéressants et les prix raisonnables.

Sylvain

(1) : Voir par exemple « Comment fonctionne l’esprit » de Steven Pinker (éditions Odile Jacob, 2000) en particulier le chapitre 7 : « Les valeurs familiales ».


25.12.04
 
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Ken MacLeod : « La division Cassini »
Editions J’ai lu, collection « Millénaires » (2003).
Edition originale : « The Cassini Division » (1998).
Traduit par Bernadette Emerich.

Merci à Melodius de m’avoir signalé l’existence de ce roman.

Ken MacLeod est écossais. Il a déjà publié plusieurs romans de Science Fiction qui ensemble constituent une « histoire du futur » cohérente et détaillée et dont les péripéties vont de la fin du vingtième au vingt-quatrième siècle de notre ère.
« La division Cassini » est le premier roman traduit en français de cet auteur, ce qui fait que nous sommes privé de tout ce qui a précédé l’année 2303, point de départ de ce récit. Il faut donc parfois tenter de lire entre les lignes. Heureusement quelques séquences en « flash-back » racontent certains épisodes du passé...
Deux dimensions dans ce roman : d’une part, il s’agit d’un space opera avec exploration du système solaire, nouvelle planète à coloniser, nanotechnologies, etc. ; d’autre part, ce roman est truffé de considérations politiques sur les mérites respectifs des différentes sociétés humaines qui interagissent dans le récit et qui sont organisées selon des principes bien différents les unes des autres.

Dans notre avenir proche en tout cas, alors que la colonisation du système solaire a commencé, les Verts prennent le pouvoir et instaurent un régime obscurantiste et anti-technologique sur Terre.
Cette société est victime de la « Peste Verte » puis du « Crash » en 2098. La première est une série d’épidémies très meurtrières et le second un effondrement du système informatique mondial provoqué par les virus envoyés par les « posthumains » réfugiés sur la planète Jupiter (pages 227 et 228).

Ce sont les « Sheenisov » qui vont rétablir la situation. Venus de Chine et de Russie, ils instaurent sur Terre et dans l’espace un système communiste qui existe toujours en 2303 et qui s’appelle « l’Union solaire ». MacLeod donne hélas peu de détails sur l’organisation de cette société mais tout au long du roman des bribes d’information sont néanmoins données. Le capitalisme a été aboli ainsi que la monnaie. Les gens sont censés coopérer volontairement et travailler du mieux qu’ils le peuvent. De plus, ils se servent librement de ce dont ils ont besoin. Des conseils dirigent la société car l’Etat n'existe plus et l’économie est planifiée grâce à l’utilisation d’ordinateurs très puissants. Dire que Lénine a fait des erreurs (sic, voir page 18) est parfois mal vu et les vaisseaux spatiaux s’appellent « Luddites » (du nom de ces ouvriers anglais qui détruisirent des machines mécaniques accusées de leur voler leur travail au 19è siècle) ou « General Arnaldo Ochoa » (du nom d’un général cubain condamné à mort en 1989 pour trafic de cocaïne, voir page 257). La philosophie politique dominante s’appelle la « vraie connaissance » et a été élaborée notamment à partir de Nietzsche, Marx, Engels et Darwin (page 121 et 122). Il s’agit d’une morale cynique qui dit que l’homme est mauvais par nature, que le pouvoir, c’est la liberté et que le droit, c’est la force... Le plus étrange est que cette organisation permet malgré tout à MacLeod de décrire une société prospère. Il me semble qu’il y a quelque chose d’incohérent ici car même avec une technologie avancée, un tel système ne pourrait donner dans le monde réel que misère et violence. (Ce sont les ouvriers soviétiques qui disaient : « C’est vrai que nous faisons semblant de travailler mais comme l’Etat fait semblant de nous payer... »)
Dans le roman, les personnes qui refusent cependant ce mode de vie se retrouvent dans des enclaves où l’argent et le commerce libre existent toujours, encore que ces enclaves soient étroitement surveillées.

Le personnage principal, Ellen May Ngwethu est un membre éminent du Comité de Commandement de la division Cassini, une organisation militaire chargée de surveiller pour l’Union solaire les abords de Jupiter. Des intelligences d’origine humaine mais transférées sur des supports artificiels ont jadis franchi la Singularité c’est-à-dire qu’elles ont tellement évolué que toute communication avec elles est devenue impossible. Elles ont tenté de détruire la société humaine lors du Crash et avant de se perdre dans les univers virtuels qu’elles ont elles-mêmes créés, elles ont eu le temps de changer l’apparence de Jupiter. Ces posthumains ont ouvert un « trou de ver » hélicoïdal, une sorte de passage dans l’espace qui permet de se retrouver à 10 000 années-lumière de la Terre 10 000 ans dans le futur. Des humains ont plus tard traversé ce passage et ont colonisé une planète qu’ils ont appelée la « Nouvelle Mars ». Depuis, les coordonnées du passage ont été perdues.
Au moment où le roman commence, de nouvelles structures sont apparues dans l’atmosphère jovienne ce qui donne à penser que les posthumains ont évolué et qu’ils sont peut-être redevenus dangereux pour les humains. Ellen May Ngwethu est envoyée sur Terre afin de ramener le physicien génial Isambard K. Malley qui devrait pouvoir calculer le chemin permettant de passer de l’autre côté du trou de ver.

Après quelques péripéties, les Terriens de la division Cassini vont donc traverser et rencontrer les habitants de la Nouvelle Mars qui ont créé une nouvelle organisation sociale. Cette société est clairement anarcho-capitaliste. Pas d’Etat - même minimal - , des compagnies privées assurent tous les services y compris les fonctions de police et de protection de la planète. Les « Nouveaux Martiens » sont en train de terraformer leur planète et n’ont rien de plus pressé que de tenter de commercer aussi bien avec les Terriens qu’avec les posthumains de Jupiter. Cette société ressemble par de nombreux aspects à la notre avec ses feuilletons télé pas toujours bien inspirés et ses musiques populaires omniprésentes à la radio. C’est également une société qui reconnaît les mêmes droits à toutes les formes d’intelligence, qu’elles soient humaines, artificielles ou humaines sur support artificiel, ce qui est plutôt sympathique.

Les critiques mentionnent souvent l’influence visible de Ian M. Banks et de son cycle de la « Culture » à propos de Ken MacLeod. On peut aussi noter qu’il utilise le concept de « Singularité » imaginé par Vernor Vinge dans « La captive du temps perdu » et que, par ailleurs, le roman anti-utopique d’Ira Levin « This Perfect Day » (en français « Un bonheur insoutenable ») est mentionné page 105 de ce roman. A la lecture de ce roman riche et complexe, il est difficile de savoir où vont les sympathies de l’auteur. En tout cas l’affrontement ou la concurrence prévisible dans l’avenir entre une société anarchiste communiste et une société anarchiste capitaliste est un ressort dramatique prometteur pour la suite de son oeuvre.
Souhaitons que les autres romans de cet auteur qui fut vainqueur du prix Prometheus en 1996 pour « The Star Fraction » et en 1998 pour « The Stone Canal » soient traduits en français...

Sylvain

P.S. : à noter que « Newton’s Wake », le dernier roman de Ken MacLeod est nominé pour le Prix Prometheus 2005.

Extrait :
« La première réponse nous parvint très vite. Ce premier contact historique entre l’Union solaire et la première et unique colonie humaine extrasolaire se déroula comme suit :
-L’astronef civil de l’Union solaire, le
Superbe, parti de Callisto via le Kilomètre Malley, au contrôle du trafic spatial de Cité-Navire... Demandons autorisation d’insertion sur orbite géostationnaire et...
- Bordel, foutez le camp de ce canal, les morpions. Je vous préviens, vous mettez le trafic en danger et nous sommes en train de localiser votre source. Vous êtes dans la merde jusqu’au cou, espèce de punaises. OK, on vous a, nous...
Long silence.
- OH, oh, Jonesy, une bête noire. Je répète, une bête noire. Alerte jaune. Cryptage immédiat Zéro-Première, je répète Zéro-Première immédiat,
kcchchchgh...
-Essaye un autre canal, conseilla Suze. Peut-être que leurs concurrents ont l’esprit plus ouvert.
Yeng essuya les mêmes rebuffades de la part de l’ATC Inc. Cité-Navire, des Reid Industrial Airways, de la Tour de Contrôle du Champ de Lowell, des Potes Barsoom, du Contrôle des Vols Amicaux Xaviera... »

« La division Cassini », page 205.

Lien : pour en savoir un peu plus sur les autres romans de Ken MacLeod, on peut lire cet article de Pascal J. Thomas.

20.12.04
 
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Arkadi et Boris Strougatski : cycle de la Forêt.
1
: « La forêt » in "Le livre d'or de la Science-fiction soviétique" (Presses Pocket n°5174, 1984), une anthologie réunie et présentée par Leonid Heller, texte traduit du russe par Anne Coldefy-Faucard, publication originale datant de 1966.
2 : « L’escargot sur la pente », éditions Champ Libre (1972), traduit du russe par Michel Pétris, publication originale datant de 1968.

« Sans aucun doute "L’escargot sur la pente", dans sa version intégrale, est l’un des livres les plus importants de la S.F. soviétique, mais aussi de la littérature russe des années soixante. »
Leonid Heller in "Le livre d'or de la Science-fiction soviétique" (op. cit., page 193).

Les deux textes dont il sera question ici ont été publié sous le même titre de « L’escargot sur la pente ». Le premier date de 1966 et a été publié dans un recueil de nouvelles de différents auteurs. Le deuxième a été publié en 1968 dans la revue « Baïkal » et des sanctions ont été prises par la suite contre la rédaction qui avait osé l’éditer. Cela explique peut-être que le deuxième texte ait été rapidement connu en Occident alors que le premier n’a été traduit en français qu’en 1984.
J’ai déjà dit tout le bien que je pensais des frères Arcadi et Boris Strougatski en tant qu’auteurs de Science Fiction. Les deux « escargots sur la pente » sont cependant un peu différents en ce sens que l’on affaire plus à des textes métaphoriques et satiriques plutôt que de Science Fiction à proprement parler.

« Candide longea la chaîne, se penchant pour détailler les visages inclinés. Il trouva enfin la Poigne, lui toucha l’épaule, et la Poigne, aussitôt, sans poser de questions, s’écarta du sillon. Sa barbe était maculée de boue.
- Et pourquoi, nom d’un poil au nez, te permets-tu de toucher les gens? râla-t-il, en contemplant les pieds de Candide. J’en ai connu un, nom d’un poil au nez, qui touchait les gens comme ça, tu sais ce qui lui est arrivé ? On l’a pris par les mains et par les pieds et balancé sur un arbre, il y est encore, le gars, et le jour où on le décrochera, nom d’un poil au nez, il ne pourra plus toucher personne... »

in « La forêt », pages 205 et 206.

1 : Candide, qu’on appelle aussi le Taiseux habite un village au milieu de la forêt. Il est arrivé un beau jour d’on ne sait trop où et souffrant d’amnésie. Il a été confié à Nava une jeune femme elle aussi étrangère au village. Depuis, ils sont considérés comme mari et femme par les villageois. Les habitants portent des surnoms plutôt imagés comme le Bavard, la Queue ou le Bancal. Ils ont tendance à constamment répéter la même chose, l’un passe son temps à expliquer qu’il y a des choses qui ne se font pas et un autre ne pense qu’à se rendre aux Fourmilières. Ils semblent peu intelligents mais heureusement la nourriture pousse facilement et le chef du village, le staroste organise le travail. Un danger cependant se cache dans la forêt : les « morts-vivants », des sortes de robots vivants qui tentent d’enlever les femmes du village à chaque fois qu’ils le peuvent...
Candide a un projet : il veut partir pour la Ville mais il ne sait pas exactement où elle est située ni quand il partira. Un jour, il se décide quand même à partir, et suivi de Nava, il rencontre d’autres habitants de la forêt : les Amies. Ce sont des femmes dont les buts restent mystérieux. Elles ont leur propre langage et se reproduisent par parthénogenèse. Il y a longtemps, elles utilisaient et dirigeaient les villageois mais elles se sont aperçues qu’elles pouvaient s’en passer et depuis elles les ignorent sauf pour envoyer les « morts-vivants » enlever les femmes. Les Amies maîtrisent d’autres technologies mystérieuses comme le « nuage mauve » qui « rend vivant ce qui est mort et mort ce qui est vivant ». Elles modifient aussi facilement la forêt en faisant apparaître un marais là où il y avait auparavant un village...
Candide n’arrivera jamais à la Ville mais il rapportera de cette aventure un scalpel qui lui servira désormais à protéger les villageois des morts-vivants.
Cet excellent texte se lit avec grand plaisir. L’imagination des Strougatski est impressionnante et les villageois tels qu’ils nous les décrivent sont presque des extra-terrestres tellement leur conduite est étrange bien que finalement cohérente. Le style toujours un peu elliptique des auteurs fait ici merveille.

2 : Dans le roman « L’escargot sur la pente », la forêt est toujours présente mais le lieu de l’action s’est déplacé car le principal protagoniste fait partie de l’Administration chargée d’étudier et de gérer la forêt. Le « héros », Perets, est linguiste et a été embauché pour l’étudier bien qu’il n’ait pas l’autorisation de s’y rendre...
Les bâtiments de l’Administration sont situés sur un piton rocheux dominant la forêt qui s’étend jusqu’à l’horizon. Perets ne cesse de se heurter à la logique administrative pendant tout le roman d’où une impression de non-sens et d’absurde. L’un des passages les plus réussis est le moment où le Directeur fait une communication téléphonique à l’ensemble des employés de l’Administration (page 64 et suivantes). Perets a du mal à distinguer de quoi parle le Directeur car l’appareil qu’il porte à son oreille n’est pas le sien...
Ce roman est une dénonciation du pouvoir bureaucratique qui par nature engendre l’inefficacité, l’arbitraire et tend à transformer les êtres humains en machines. De plus ,la bêtise et l’alcoolisme se conjuguent pour rendre supportable la situation. Sans raison explicite, Perets finira par devenir lui-même Directeur et comprendra qu’à son nouveau poste, il doit donner des directives, peu importe lesquelles. Il donnera donc l’ordre aux membres du « Groupe de l’Eradication » de s’éradiquer eux-mêmes.
Roman sombre, « L’escargot sur la pente » montre que les Strougatski n’étaient pas dupes du système communiste dans lequel ils vivaient. S’ils ont dû parfois donner des gages au régime pour pouvoir continuer à publier, il est clair que chaque fois qu’ils l’ont pu, ils ont pris leurs distances avec lui.

Pendant une dizaine d’années, de la fin des années 50 à la fin des années 60, les écrivains soviétiques ont profité d’une relative liberté de parole qui a contrasté avec la période précédente marquée par le pouvoir de Staline et avec la période suivante inaugurée par une reprise en main générale à partir de 1969. D’autres livres des Strougatski subiront les foudres de la censure : les romans « La troïka » et « Les mutants du brouillard » écrits les mêmes années que « L’escargot sur la pente » seront interdits en URSS jusqu’à la chute du régime communiste. Pendant la « glaciation » brejnévienne, les Strougatski choisiront d’écrire des romans toujours intéressants mais moins dérangeants pour le régime plutôt que d’être contraints d’émigrer...

Sylvain

« - Tout homme est un génie en quelque chose, répliqua le secrétaire adjoint. Il faut seulement trouver ce qu’il y a de génial en lui. Nous n’en avons pas l’idée, mais je suis peut-être un génie de la cuisine et toi, mettons, un génie de la pharmacie, mais ce ne sont pas nos occupations et nous montrons mal ce qu’il y a en nous. Le Directeur a dit qu’à l’avenir il y aura des spécialistes qui s’occuperont de ça, qu’ils chercheront à découvrir nos virtualités cachées.
- Tu sais, les virtualités, ce n’est pas quelque chose de très clair. Je ne dis pas le contraire, peut-être qu’il y a réellement du génie en chacun de nous. Mais que faire si ce génie ne peut trouver à s’appliquer que dans un passé reculé ou un futur lointain, alors que, dans le présent, il n’est même pas considéré comme du génie, que tu l’aies manifesté ou non ? C’est bien, évidemment, si tu te révèles un génie de la cuisine. Mais comment reconnaîtra-t-on que tu es un cocher de génie, Perets un tailleur de pointes de silex de génie, et moi le génial découvreur d’un champ X dont personne ne sait rien et qui ne sera connu que dans dix ans... C’est alors, comme disait le poète, que se tournera vers nous la face noire du loisir... »

in « L’escargot sur la pente », page 106.

Références :

- Critiques de « Coeur de chien » de Mikhail Boulgakov et de « L’escargot sur la pente » d’Arcadi et Boris Strougatski par Jean-Pierre Andrevon in Fiction n°233 (mai 1973).
- « De la science-fiction soviétique, par delà le dogme, un univers » par Leonid Heller (éd. L’Age d’Homme, col. Outrepart, 1979), pages 182 et 187 à 189.
- « Les mondes parallèles de la science-fiction soviétique » par Jacqueline Lahana (éd. L’Age d’Homme, col. Outrepart, 1979) pages 85 à 90.
- « Pour une approche de la Science Fiction soviétique » par Jacqueline Lahana in fanzine « SFère » n°6 (juillet 1983). Plusieurs numéros de ce fanzine-phare du début des années 80 peuvent être téléchargés ICI, notamment le numéro 6.

Liens :

- Le texte de « L’escargot sur la pente » est disponible en français et en ligne : ICI.

- Ma présentation de deux autres romans des frères Strougatski : "La seconde invasion des Martiens" et "L'île habitée".

- Les livres des frères Strougatski disponibles en russe sont ICI.



 

 
   
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